Récits de voyage
Trekking & stand up paddle en finlande...
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Utilisateurs de paddle en mode loisir depuis plusieurs annĂ©es, et passionnĂ©s de pays nordiques depuis un trek de 10 jours en autonomie aux Lofoten, lâĂ©vidence sâimposait, il fallait mixer les deux pratiques.
Quelques recherches sur le matos nous ont rapidement fait contacter Itiwit qui proposait du matériel parfaitement adapté a notre projet.
Nous allons donc faire un trek paddle de 10 jours sur le lac de Paijanne en Finlande !
# Top départ : j1, vendredi 12 août
Lâaventure sur lâeau dĂ©marre ce jour Ă la sortie du bus Ă Harila. La zone repĂ©rĂ©e sur Map qui semblait une mise Ă lâeau « facile » se conclura par des chaussures trempĂ©es et beaucoup trop de piqures de moustiques ! Les abords sont marĂ©cageux, nos pieds sâenfoncent dans le sol dĂ©trempĂ©.
Changement de stratĂ©gie, nous faisons marche arriĂšre en nous frayant un chemin parmi les arbres, ronces, puis roseaux, avec les 60kg de matĂ©riel sur le dos, jusquâĂ un petit cours dâeau et nous gonflons nos paddles, avec comme espoir principal de ne pas tomber dans lâeau croupie de ce bras dâeau stagnante.
Rapidement nous voilĂ sur le lac, avec une belle vue dĂ©gagĂ©e. Le ciel est un peu nuageux mais la tempĂ©rature est plus Ă©levĂ©e que ce Ă quoi nous nous attendions. Tout de suite une impression de calme nous gagne. Le lac est miroir, et nous sommes partis pour 2h30 de trajet jusquâĂ la premiĂšre Ăźle du parc naturel de PaĂŻjanne, oĂč nous passerons la nuit.
Lâendroit est plutĂŽt bien amĂ©nagĂ© avec un espace pour allumer un feu, cabane pour couper du bois, toilettes sĂšches. Un couple dort Ă proximitĂ© sur leur bateau, nous Ă©changeons quelques mots et leur exposons notre projet de passer entre 7 Ă 12 jours sur nos paddles devant leur Ă©tonnement. Le paddle a lâair pour eux un moyen de locomotion assez peu connu, et en effet nous nâen croiserons aucun lors des jours qui suivront.
Premier coucher de soleil, Ă couper le souffle.
# TroisiĂšme et quatriĂšme jour
Mauvaise nuit pour Adeline dont le matelas gonflable est percé.
Nous dĂ©cidons de prendre les journĂ©es « Ă la cool ». Pas de rĂ©veil, pas dâobjectif de distance, pas de performance physique. Et en effet, la slow life se prĂȘte tout Ă fait Ă lâatmosphĂšre de la Finlande. Tout dans ce pays et dans ses paysages nous invite Ă la contemplation.
Le temps est Ă©tonnamment trĂšs doux, mĂȘme chaud une fois quâon est sur lâeau. Nous ramons avec le moins dâhabits possible, et nous nous baignons rĂ©guliĂšrement dans le lac Ă 19/20°C pour nous rafraichir.
Nos journées se décomposent plus ou moins comme ceci : Pause repas quand nous le sentons, en gros, 2h de rame en fin de matinée, et 2h ou 3h aprÚs la pause déjeuner.
Nous sortons du parc naturel pour aller dĂ©couvrir dâautres zones un peu plus au nord. A notre grande surprise, nous rĂ©alisons que les bivouacs seront dĂ©sormais plus difficiles Ă trouver⊠toutes les berges, quâil sâagisse dâĂźle autant que du continent, sont occupĂ©es par des maisons. La rĂšgle veut quâon ne pose pas la tente Ă moins de 150m dâune habitation, et il semblerait que ça ne soit pas si simple tant les abords sont convoitĂ©s par des summer cottages finlandais ou tout simplement des logements permanents. Pour autant nous ne voyons quasiment jamais personne dans les maisons ou sur leur porche, ce qui donne une atmosphĂšre trĂšs particuliĂšre.
La beautĂ© du paysage le matin est suffisante Ă faire oublier les dĂ©boires de matelas qui ne trouveront pas de solution. Les nuits sont difficiles, mais lâexpĂ©rience est si incroyable que cela reste anecdotique.
Le vent qui devait ĂȘtre Ă notre avantage a changĂ© dâavis. Nous ramons donc contre lui, pour progresser vers le nord. Assez rapidement nous le dĂ©courageons et le lac redevient miroir.
Les coups de rame rĂ©guliers sont hypnotiques, nous mettent dans un Ă©tat mĂ©ditatif. Et dâautres fois entrainent des vagues de folie pendant lesquelles tout le rĂ©pertoire de la musique française y passe, accompagnĂ© des chorĂ©graphies les plus ridicules.
Nous avons totalement intĂ©grĂ© ce rythme et la façon dont nos journĂ©es sâarticulent. Nos sens sont constamment en Ă©veil, la beautĂ© des paysages est un rĂ©gal permanent pour les yeux. Nos seules prĂ©occupations se rĂ©sument Ă trouver un endroit oĂč sâarrĂȘter pour dĂ©jeuner quand la faim se fait ressentir, et Ă trouver un endroit oĂč poser la tente quand lâenvie de se poser arrive.
Sur ce dernier point, JĂ©rĂŽme veut aujourdâhui raccourcir le temps passĂ© sur lâeau et cherche un bivouac, plutĂŽt dĂ©cidĂ©e Ă continuer pour ma part, je pousse pour le convaincre Ă poursuivre notre route en direction de petites Ăźles que jâavais repĂ©rĂ©es. Pour la premiĂšre fois depuis que nous sommes sur le lac, nous avons Ă faire Ă un vent de cĂŽtĂ© dâenviron 12 nĆuds.
Une fois Ă proximitĂ©, nous nous rendons compte quâelles sont totalement inexploitables pour nous car Ă©tant proches du continuent, elles sont dĂ©jĂ fortement occupĂ©es par des maisons, et surtout totalement entourĂ©es de roseaux, ce qui nous empĂȘche de nous en approcher.
Nous sommes en rĂ©alitĂ© obligĂ©s de rebrousser chemin pour sortir de cet amas de presque-Ăźles. Le moral en prend un coup, fatiguĂ©s et las nous nous remettons en route avec le stress de plus en plus prĂ©sent de trouver un endroit oĂč nous installer pour la nuit.
Finalement, aprĂšs environ 28 km de rame, nous arrivons Ă 20h30 sur une minuscule Ăźle que nous privatiserons en y installant notre tente, notre hamac et nos paddles et que nous nommerons lâĂźle aux insectes.
Les moustiques qui jusque-lĂ ne nous avaient pas trop embĂȘtĂ©s ont manifestement Ă©lu domicile ici, et nous leur servons de repas.
# CinquiĂšme et sixiĂšme jour
Nous quittons lâĂźle aux fourmis et moustiques, pour aller nord avec un vent dâenviron 15 nĆuds sud qui nous porte. Il se calmera rapidement pour laisser de nouveau place au calme. Pour compenser la journĂ©e dâhier, nous nous arrĂȘtons Ă 17h30, aprĂšs une quinzaine de kilomĂštres.
Lâobjectif du sĂ©jour est fixĂ©, nous avons rĂ©servĂ© un airbnb Ă Juokslahti Ă partir de lundi soir. Nous savons que nous y serons sans problĂšme, de ce fait nous la jouons cool et nous bifurquons rĂ©guliĂšrement Ă droite Ă gauche pour aller explorer les petites Ăźles qui sont sur notre trajet.
Le bivouac se fait de nouveau sur une Ăźle rien quâĂ nous. Par sĂ©curitĂ©, nous aidons un arbre mort Ă tomber au sol car en cas de vent ils semblent nombreux Ă se dĂ©raciner.
PremiĂšre blessure pour JĂ©rĂŽme qui renverse la popote remplie dâeau bouillante sur son pied. Il se trainera des jolies cloques jusquâĂ la fin du trip !
Réveil sans vent, nous enfourchons nos paddles sur une eau paisible.
Nous nous servons rĂ©guliĂšrement du gps pour connaĂźtre notre position, nous assurer de notre direction, et identifier approximativement un point de chute. Il nâest pas facile de se repĂ©rer dans cette grande Ă©tendue dâeau, et nous perdons souvent nos points de repĂšres, ne sachant pas distinguer, Ă distance, les Ăźles du continent.
Rapidement, la mĂ©tĂ©o se dĂ©grade et un check sur le tĂ©lĂ©phone nous rĂ©vĂšle un orage pour la fin dâaprĂšs-midi. Nous dĂ©cidons donc, Ă©tant donnĂ© la difficultĂ© potentielle Ă trouver un bivouac, de nous arrĂȘter dĂšs que nous trouverons un endroit oĂč nous rĂ©fugier. Le dernier coup de rame se fera Ă mi-journĂ©e pour que nous puissions Ă©tablir notre campement sur une petite Ăźle, ce qui, aprĂšs rĂ©flexion, ne sâavĂšrera pas ĂȘtre le choix le plus judicieux en termes de sĂ©curitĂ©âŠ
Nous sommes Ă lâabri du vent qui rugit Ă environ 25 nĆuds.
Le campement est installĂ©, nous voyons arriver rapidement les Ă©clairs et lâorage Ă©clate sur nous.
Se rĂ©fugier dans la tente Ă proximitĂ© des arbres, ou attendre sur les rochers que le temps sâamĂ©liore, finalement aucune possibilitĂ© ne semble ĂȘtre la bonne mais nous optons pour la seconde. Accroupis, avec la pluie qui nous fouette le visage, nous attendons en nous rendant compte que la proximitĂ© avec lâeau nous rend potentiellement conducteurs en cas dâĂ©clair. Il nây a pourtant pas grand-chose dâautre Ă faire, nous serons plus prudents si cela devait se reproduire avant la fin du sĂ©jour.
Finalement, lâorage passe en une quinzaine de minutes, et nous dĂ©couvrons un arc-en-ciel majestueux, comme nous nâen avons jamais vu. A 500m de nous, des couleurs vives, un double arc-en-ciel complet. Quelle spectacleâŠ
Cette image sera lâune des plus marquantes du sĂ©jour. La soirĂ©e se terminera calmement autour dâune soupe, cette fois-ci sans feu de bois.
# SeptiĂšme, huitiĂšme et neuviĂšme jour
AprĂšs lâinsĂ©curitĂ© ressentie la veille, nous dĂ©cidons, en cas de prĂ©vision dâorage, de rester proches des cĂŽtes afin de pouvoir se rĂ©fugier au plus vite proche dâune habitation.
Nous plions le campement et partons sur nos paddles pour se rapprocher du continent. Le dĂ©part en trombe ne nous laisse mĂȘme pas le temps de nous brosser les temps, de petit dĂ©jeuner, ni de faire notre petite toilette. Sous mes habits de pluie, je porte mĂȘme encore mon pyjama ! Les yeux fatiguĂ©s, les cheveux en pĂ©tard, je rigole intĂ©rieurement Ă lâimage que je dois avoir et au souvenir que ce moment nous laissera.
Finalement, nous guettons derriĂšre nous les nuages noirs qui ne nous atteindront pas de toute la journĂ©e. Nous ramons tranquillement jusquâĂ nous prendre une majestueuse pause dĂ©j, oĂč nous avons pu faire sĂ©cher nos affaires, vider, nettoyer et rĂ©organiser nos sacs remplis Ă la hate, et profiter dâune bonne sieste dans le hamac. La journĂ©e sâachĂšvera au bout dâune vingtaine de kilomĂštres, aprĂšs avoir identifiĂ© un spot, encore une fois plus que parfait, pour notre bivouac.
Le lendemain sera un jour charniĂšre pour ma part. Les mauvaises nuits Ă rĂ©pĂ©tition jouent sur ma fatigue, et lâabsence de vraies douches chaudes et de nourriture Ă©quilibrĂ©e commencent Ă peser.
Pour changer un peu nos habitudes, nous optons pour un itinĂ©raire sur lâeau qui nous emmĂšne vers une randonnĂ©e terrestre avec point de vue en hauteur. Au passage, nous dĂ©vions encore une fois de route et rallongeant la distance Ă parcourir. Cette balade jusquâĂ la tour « Oravivuori Triangulation Tower », inscrite au patrimoine mondial de lâUnesco, nous offre un panorama impressionnant ainsi quâune autre façon dâapprĂ©cier notre parcours.
Au moment de repartir sur lâeau, le vent se lĂšve et nous rencontrons pour la premiĂšre fois depuis le sĂ©jour quelques petites vagues qui nous permettent de presque surfouiller. Nous atteignons le point le plus au nord de notre sĂ©jour avec amusement. Le bivouac repĂ©rĂ© sur google maps est amĂ©nagĂ© et nous faisons la connaissance dâun couple avec qui nous passons la soirĂ©e autour du feu.
Le lendemain, le vent sâest levĂ©, avec des bourrasques Ă plus de 30 nĆuds⊠ce sera une journĂ©e off. Nous restons au campement, Ă bouquiner, couper du bois, et se reposer.
# Dixieme et dernier jour
Le vent est encore lĂ mais nous nâavons plus lâhabitude de rester sur place et trĂ©pignons. Alors tant pis, on repart vers le sud ! Dâautre part, JĂ©rĂŽme avait repĂ©rĂ© une petite Ăźle parfaite devant laquelle nous Ă©tions passĂ©s Ă lâaller et nous voulions y passer notre derniĂšre nuit. Le Airbnb qui clĂŽturera notre sĂ©jour est Ă 30 km au sud de lĂ oĂč nous nous trouvons, soit 15 km aujourdâhui et 15 km demain.
Ces 15km seront les plus difficiles du sĂ©jour ! Nous rĂ©alisons, une fois dans le vent et les vagues, la chance dâavoir eu une mĂ©tĂ©o si parfaite sur la semaine qui vient de sâĂ©couler. Nous bataillons pendant plusieurs heures pour naviguer sur cette distance. Le vent nous dĂ©vie sans cesse, les bras chauffent, nous faisons des pauses trĂšs rĂ©guliĂšrement pour rĂ©cupĂ©rer nos muscles.
Câest avec une grande satisfaction que nous atteignons le lieu oĂč installer notre tente, encore une fois paradisiaque, seuls au monde, dans le calme le plus absolu. Nous visitons lâĂźle, y dĂ©couvrons deux coins amĂ©nagĂ©s pour y faire un feu, avec du bois dĂ©jĂ soigneusement coupĂ©.
Douche, repas, dodo. DerniÚre nuit. Déjà nostalgie.
Dernier jour. Le linge que nous avions lavĂ© la veille et mis a sĂ©chĂ© et dĂ©trempĂ©. Et pour cause, nous nous rĂ©veillons sous une grosse averse. Nous flĂąnons sous la tente en espĂ©rant entendre la pluie cesser, mais au bout de 2h30 de lecture nous nous faisons Ă lâidĂ©e quâil faudra faire avec. Le petit dĂ©jeuner se fera sous la pluie battante, le rangement du campement aussi. La brume nous fait dĂ©couvrir un nouveau paysage, une nouvelle atmosphĂšre, plus ressemblante Ă lâidĂ©e que nous avions de la Finlande avant notre dĂ©part. Quelque chose dâun peu mystique se dĂ©gage de cette Ă©tendue que nous admirons, de ces immenses et innombrables arbres. Câest magnifique. Jâessaye mĂȘme de capturer la musique que jouent les gouttes en tombant sur lâeau mais câest bien Ă©videmment une expĂ©rience quâil faut soi-mĂȘme vivre.
Nous partons pour nos derniers kilomĂštres, en direction du Airbnb que nous avons rĂ©servĂ©, en savourant chaque coup de rame. JĂ©rĂŽme guette sa montre et nous faisons des photos souvenirs au signal indiquant les 150 km. Nous nâavions pas dâobjectif de distance, mais ce chiffre nous fait quand mĂȘme plaisir.
A mi-parcours, le ciel sâĂ©claircit, comme si en lâespace de quelques minutes nous Ă©tions passĂ© de lâautomne Ă lâĂ©tĂ©. Nous nous arrĂȘtons juste avant le lieu de rencontre avec notre hĂŽte pour nous rendre un peu plus prĂ©sentable. Et nous voyons au loin une barque qui vient Ă notre rencontre. Sana, la propriĂ©taire du airbnb vient comme prĂ©vu Ă notre rencontre pour nous aider Ă dĂ©barquer.
Notre expĂ©rience sur lâeau sâarrĂȘte ici.
Et nos deux derniers jours en Finlande se passeront dans le Airbnb le plus confortable qui puisse exister à se faire chouchouter par la propriétaire des lieux.
Conclusion :
Absolument a refaire. La routine tente/rame et contemplation nous a fait un bien fou.
Câest rare de pouvoir se dĂ©connecter totalement de lâagitation Ă ce point-lĂ .
Quelques frayeurs dus aux orages auront pimentĂ© lâaventure et le matelas (trop vieux) crevĂ© dâAdeline a rajoutĂ© de la fatigue nĂ©cessaire mais hormis cela tout sâest passĂ© merveilleusement bien.
La prĂ©paration du trip ainsi que le choix du matĂ©riel a jouĂ© pour beaucoup dans la rĂ©ussite du projet, tous les soucis pouvant ĂȘtre gĂ©rĂ©s en amont doivent lâĂȘtre.
Point Matos :
Avec le recul tous les choix ont Ă©tĂ© les bons, nous repartirions avec exactement le mĂȘme setup, juste avec un matelas gonflable neuf pour Adeline.
Les paddles se sont trĂšs bien comportĂ©s tant Ă la mer quâau chapitre de la fiabilitĂ©, mĂȘme chose pour les rames et les sacs Ă©tanches.