Mauvaise nuit pour Adeline dont le matelas gonflable est percé.
Nous décidons de prendre les journées « à la cool ». Pas de réveil, pas d’objectif de distance, pas de performance physique. Et en effet, la slow life se prête tout à fait à l’atmosphère de la Finlande. Tout dans ce pays et dans ses paysages nous invite à la contemplation.
Le temps est étonnamment très doux, même chaud une fois qu’on est sur l’eau. Nous ramons avec le moins d’habits possible, et nous nous baignons régulièrement dans le lac à 19/20°C pour nous rafraichir.
Nos journées se décomposent plus ou moins comme ceci : Pause repas quand nous le sentons, en gros, 2h de rame en fin de matinée, et 2h ou 3h après la pause déjeuner.
Nous sortons du parc naturel pour aller découvrir d’autres zones un peu plus au nord. A notre grande surprise, nous réalisons que les bivouacs seront désormais plus difficiles à trouver… toutes les berges, qu’il s’agisse d’île autant que du continent, sont occupées par des maisons. La règle veut qu’on ne pose pas la tente à moins de 150m d’une habitation, et il semblerait que ça ne soit pas si simple tant les abords sont convoités par des summer cottages finlandais ou tout simplement des logements permanents. Pour autant nous ne voyons quasiment jamais personne dans les maisons ou sur leur porche, ce qui donne une atmosphère très particulière.
La beauté du paysage le matin est suffisante à faire oublier les déboires de matelas qui ne trouveront pas de solution. Les nuits sont difficiles, mais l’expérience est si incroyable que cela reste anecdotique.
Le vent qui devait être à notre avantage a changé d’avis. Nous ramons donc contre lui, pour progresser vers le nord. Assez rapidement nous le décourageons et le lac redevient miroir.
Les coups de rame réguliers sont hypnotiques, nous mettent dans un état méditatif. Et d’autres fois entrainent des vagues de folie pendant lesquelles tout le répertoire de la musique française y passe, accompagné des chorégraphies les plus ridicules.
Nous avons totalement intégré ce rythme et la façon dont nos journées s’articulent. Nos sens sont constamment en éveil, la beauté des paysages est un régal permanent pour les yeux. Nos seules préoccupations se résument à trouver un endroit où s’arrêter pour déjeuner quand la faim se fait ressentir, et à trouver un endroit où poser la tente quand l’envie de se poser arrive.
Sur ce dernier point, Jérôme veut aujourd’hui raccourcir le temps passé sur l’eau et cherche un bivouac, plutôt décidée à continuer pour ma part, je pousse pour le convaincre à poursuivre notre route en direction de petites îles que j’avais repérées. Pour la première fois depuis que nous sommes sur le lac, nous avons à faire à un vent de côté d’environ 12 nœuds.
Une fois à proximité, nous nous rendons compte qu’elles sont totalement inexploitables pour nous car étant proches du continuent, elles sont déjà fortement occupées par des maisons, et surtout totalement entourées de roseaux, ce qui nous empêche de nous en approcher.
Nous sommes en réalité obligés de rebrousser chemin pour sortir de cet amas de presque-îles. Le moral en prend un coup, fatigués et las nous nous remettons en route avec le stress de plus en plus présent de trouver un endroit où nous installer pour la nuit.
Finalement, après environ 28 km de rame, nous arrivons à 20h30 sur une minuscule île que nous privatiserons en y installant notre tente, notre hamac et nos paddles et que nous nommerons l’île aux insectes.
Les moustiques qui jusque-là ne nous avaient pas trop embêtés ont manifestement élu domicile ici, et nous leur servons de repas.