Pendant le trajet, ma vitesse dépendait beaucoup d’éléments extérieurs, comme le courant ou le vent, qui peut vite rendre la progression sur l’eau assez difficile. Pour ne pas gaspiller d’énergie, je pagayais souvent assis, mais même ainsi, quand le vent soufflait uniquement d’un côté, cela me forçait à ne pagayer que du côté opposé pour maintenir la trajectoire, ce que mes épaules pas très entrainées n’appréciaient pas vraiment.
J’avais aussi un peu de mal à bien me nourrir parfois, car j’achetais de la malbouffe ou ne mangeais pas assez, ce qui n’aidait pas mon métabolisme déjà mis à relativement rude épreuve. Mais avec le temps, j’ai fini par m’adapter et trouver un régime alimentaire qui m’a permis de ne pas perdre trop de poids : Pain et müesli le matin, barres de céréales ou similaire entre chaque heure de paddle, pâtes au thon ou à la viande le soir, le tout complémenté avec quelques sucreries qui avait pour but d’ajouter quelques kilocalories tout en remontant le moral.
J’ai aussi ramassé pas mal de déchets, surtout sur mes points de bivouac. Parfois, l’endroit était plus ou moins propre, mais souvent, les déchets pullulaient. J’essayais la plupart du temps de remplir un peu plus le sac qui me servait de poubelle, juste histoire de faire une petite différence. Un fois, j’avais trouvé un spot magnifique, mais il y avait du verre cassé et autres partout, laissés là par la crue. J’ai pris un bidon qui trainait, un cône en plastique, et j’ai commencé à remplir le bidon de tout le verre que je trouvais. Au final, ça m’aura aussi permis de marcher à pieds nus sans craindre de me couper le pied.
Je pense que ramasser les déchets n’est pas vraiment une solution à long terme à la pollution, ce serait plus simple de ne pas les jeter ni les produire, ces déchets. Mais visiblement, même quelque chose qui semble aussi simple ne l’est pas vraiment, et donc ramasser les déchets permet d’atténuer notre impact et de faire un peu plus que de ne pas jeter ses déchets. Surtout que lorsque l’on a déjà un sac destiné à contenir nos déchets, ajouter ceux que l’on trouve ne demande pas grand-chose et permet vraiment de rendre l’endroit plus agréable aux prochains humains qui passeront par là.
La nature n’aura pas été omniprésente, car le Rhin est un fleuve s’écoulant au milieu de grandes villes et de territoires assez civilisés, en plus d’être une route commerciale très importante. Mais quand on est sur l’eau, on est coupé du monde terrestre et des rives, même en étant juste à côté. On passe sous les ponts, on regarde de loin les bouchons, les bruits de la ville et les gens en promenade
Les territoires vraiment sauvages étaient souvent des forêts aux rives plus ou moins inaccessibles à cause de la crue ou du surplus de végétation. J’ai donc dormi majoritairement dans des endroits pas trop éloignés de la civilisation, tout de même dans la nature, et eu l’occasion de me faire encourager par plein de gens curieux intrigués par mon paquetage, avec qui j’ai pu essayer de discuter en allemand pour leur expliquer mon aventure.