C’est l’heure du départ, nous en sommes en fin de matinée sur les quais d’Argentat, réservés autrefois au commerce du bois, du cuire et d’huile. On peut même encore apercevoir une ancienne Gabare, bâteaux de commerce qui acheminaient par le passé toutes ces marchandises dans les villes avales de la Dordogne.
Après une longue traversée de la France pour rejoindre Argentat, paradis des pêcheurs à la mouche qui viennent de loin pour son parcours no-kill, nous commençons à gonfler nos paddles sous les regards des quelques passants intrigués.
Un coup de sangle autour des sacs, la nourriture et les affaires de bivouac répartis entre nous, le temps de remercier notre super équipe technique à terre, nous voilà fin prêt pour commencer ce trip qui s’annonce encore plus exceptionnel que nos expéditions précédentes.
C’est avec excitation que nos premiers coups de pagaies nous éloignent des dernières maisons de pêcheurs, toutes faites de pierre et de bois avec des petites tourelles très typiques de la région.
Après notre périple sur la Vilaine nous redécouvrons ce que le mot “courant” signifie. Avec un courant qui nous permet d’avancer à environ 7 km/heure sur ce tronçon, nous arrivons très vite au premier obstacle de la journée, le fameux Malpa d’Argentat.
Les rapides et autres passages délicats s’enchaînent, et le niveau de l’eau est assez bas, malgré les pluies des jours précédents. Nous devons donc redoubler de vigilance pour ne pas frotter les ailerons contre les cailloux.
Ce n’est qu’au bout de 2h de rame que le premier pépin arrive, Guillaume perd son aileron en tapant un rocher dans un rapide. Heureusement pour nous, nous avions prévu un aileron supplémentaire par personne. La décision est prise : nous retirons les ailerons pour les prochains rapides pour éviter un deuxième incident.
Certains passages étant assez complexes, certains d'entre-nous chutent dans les rapides, mais plus de peur que de mal on continue à avancer !
Sans aileron, le reste de la journée se déroule donc en zigzag, et les paysages défilent, tout comme les pêcheurs à la mouche, très souvent annonceurs de rapides, pour notre plus grand plaisir.
Nous passons Beaulieu, cité médiévale bâtie sur la rive droite de la Dordogne. Mais attention au barrage, une glissière est prévue sur la gauche pour le contourner. Il y a un tel courant juste après ce barrage que nous n’avons pas besoin de pagayer sur presque un kilomètre, tout au long de ce bras de rivière entouré d’arbres en fleur du printemps.
Nous décidons de nous arrêter, après environ 7 heures à pagayer, quelques kilomètres plus loin à proximité de Girac pour installer notre premier bivouac.