Récits de voyage

GR R2 : le must de la randonnée sur l’île de La Réunion !

3 cirques extraordinaires, une végétation inouïe, des sommets renversants et l’océan à perte de vue, l’île de la Réunion est LE paradis de la randonnée. 

La traverser du nord au sud en empruntant le GR R2, j’en rêvais et je l’ai fait ! Et en la découvrant, j’ai compris pourquoi on la surnomme “l’Île intense”. Je vous raconte ?


Quelques infos sur le GR R2

  • Durée12 jours maximum
  • Distance160km (hors variantes)
  • Dénivelé10 000 d+ et d-
  • DifficultéNiveau confirmé
  • Point culminantPiton des Neiges - 3070m
  • Meilleure période pour ce trekToute l’année hormis de janvier à avril (période cyclonique)

Mon itinéraire sur le GR R2

Trek réalisé du 12 au 20 novembre 2021

Jour 1 > Etape 1 : St-Denis - gîte de la Roche Écrite
Jour 2 > sommet Roche Écrite (variante) et étape 2 : gîte de la Roche Écrite - Dos d’ ne
Jour 3 > Étapes 3 et 4 : Dos d’ ne - Aurère - Grand Place
Jour 4 > Étapes 5 et 6 : Grand Place - Roche Plate - Marla
Jour 5 > Étapes 7 et 8 : Marla - Cilaos - gîte de la Caverne Dufour
Jour 6 > sommet Piton des Neiges (variante) et étape 9 : Caverne Dufour - Bourg-Murat
Jour 7 > Etape 10 : Bourg-Murat - gîte du Volcan
Jour 8 > Etape 11 : gîte du Volcan - gîte de Basse Vallée
Jour 9 > Etape 12 : gîte de Basse Vallée - Basse Vallée

Le GR R2 : pour qui ? Quelles particularités ?

Amoureux·ses de la nature sauvage et des grands espaces, ce trek est pour vous ! Spoiler alert : j’ai été impressionnée par la grandeur et la variété des paysages. Jungles à la végétation luxuriante, terres lunaires et volcaniques, forêts de pins denses, plaines verdoyantes, cours d’eau et cascades par dizaines, le tout dans un format grandiose. Une claque, en somme !
Et c’est dur ? Bah, c’est un trek d’environ 160 km - sans tenir compte des variantes possibles - avec 10 000m de dénivelé positif et négatif, ça reste une épreuve d’endurance. Les difficultés résident dans les quelques (entendez milliers) marches, typiques des sentiers réunionnais. Et elles sont de toutes les tailles, sinon on se marre moins. Je vous propose qu’on en reparle plus bas... 
Il y a aussi énormément de racines et de pierres, des chemins à flanc de falaises, il faut donc sans cesse être vigilant·e sur là où l’on met les pieds. Il se dit que certaines parties sont très boueuses mais il a fait très sec quand nous y étions donc impossible de confirmer.
Mais, contrairement au GR20, pour n’en citer qu’un, il y a moins de portions vertigineuses où la rando se fait avec les mains ou en grimpant à la corde. Ce qui, à mon sens, en fait un trek moins difficile.
Autre point de vigilance : l’altitude, en particulier si vous faites les variantes (jusqu’à plus de 3000m), d’où la nécessité d’emmener des vêtements bien chauds.
Enfin, le climat réunionnais peut surprendre. Nous avons été extrêmement chanceux·ses sur ce point mais le temps se couvre vite, dès 10-11h parfois. Donc un seul conseil : commencez à marcher très tôt ! La bonne nouvelle, c’est que le soleil se lève autour de 5h30.
Voilà, vous êtes prevenu·es.
Vue sur panoramique de La Réunion

GR E2, étape 1 > Saint-Denis - gîte de La Roche Écrite

16KM // 1800 D+ // 5H30

En avant ! Après une bonne nuit de sommeil indispensable après la nuit de la veille dans l’avion, nous voici au départ du GR R2. J’en rêvais, j’y suis ! Aujourd’hui, ça grimpe : 1800d+ nous attendent. On passe sans transition de la ville à la forêt dès le début du chemin. La pente est assez douce, sans difficulté. Déjà, la végétation est omniprésente… tout comme les marches. Nous avons aussi le droit à quelques superbes points de vue sur l’océan.
2h de marche et nous voici au Brûlé, un village sans prétention. Pas mal de trekkeur·ses commencent le GR à partir d’ici mais nous sommes des puristes. On remplit les poches à eau et c’est reparti pendant plus d’une heure en montée sur du bitume, pas la meilleure partie de la journée... Le meilleur est justement à venir : on entre dans le parc naturel de la Roche Écrite avec un petit sentier alternant jungle dense et forêts de bambous. Les gazouillis d’oiseaux complètent cet instant de bonheur, en particulier ceux des Tuit-tuit, ces oiseaux rares qu’on ne trouve qu’ici. On est bien, même dans les nuages !
Nous montons d’un bon pas jusqu’au gîte de la Roche Écrite, fin de la première étape qui donne le ton de cette aventure. Le gîte est bucolique, paisible au milieu de la végétation. Il serait parfait avec de l’eau chaude mais on se contentera d’une douche à la fraîche. Le repas du soir - carri de bœuf - est très bon, tout comme le lit qui nous attend dans le gîte.
Gîte de la Roche Ecrite

GR R2, variante roche écrite et étape 2 > Roche Écrite - Dos d’Âne

10KM // 200 D+ / 900 D- // 2H45

Et malgré tout, la nuit ne fut pas des meilleures. Réveil très matinal pour nous rendre au sommet de la Roche Écrite - une étape hors GR mais qui vaut le détour - avant le petit déjeuner. L’avantage, c’est que nous pouvons laisser nos sacs au gîte et marcher sans nous encombrer. 5h30, nous grimpons et ça dure une bonne heure à travers une vaste plaine rocheuse, assez aride étonnamment. Pour répérer le sentier balisé de blanc, mieux vaut être attentif·ve. Pendant toute la montée, les vues dégagées sur la mer et quelques nuages au loin sont splendides.
Le sommet, à 2200m, nous laisse sans voix. Pas un nuage à l’horizon pour admirer le cirque de Salazie qui s’étend devant nous. On aperçoit en partie celui de Mafate et les 2 pitons - des Neiges et de la Fournaise - en arrière-plan. C’est spectaculaire, ces sommets verts abrupts, les villages en contre-bas. On redescend après avoir contemplé un moment cette incroyable vue. A 8h tapantes, nous sommes devant le petit-déjeuner que nous dévorons sans nous faire prier. 

Entre temps, le gîte a été déserté et c’est à notre tour de prendre la route pour poursuivre le GR, direction Dos d’Âne, l’une des portes d’entrée de Mafate. Petite étape mais quelle étape ! Sans doute l’une des plus belles. Nous traversons d’abord à nouveau une forêt dense, nous obligeant à baisser la tête régulièrement pour éviter branches et troncs d’arbre. Bientôt, nous devinons sur notre gauche le cirque de Mafate à travers la végétation. C’est renversant et ça dure tout le temps que nous mettons à traverser ce sentier qui longe une crête. On en prend plein la vue… et les jambes. Oui, le topo nous avait promis une étape uniquement en descente. On nous a menti : il n’y a que des buttes et nous remontons aussi sec tout ce que nous descendons, cadeau.
Nous arrivons au village de Dos d’Âne dans les nuages, après une dernière crête superbe mais escarpée. On tombe sur le seul resto du coin, dans lequel on se régale d’un rougail saucisses. Arrivés au gîte, nous discutons un moment avec d’autres randonneurs. La soirée est conviviale et notre hôte, plein de conseils pour la journée du lendemain. 

"Mafate, c’est superbe, on se sent minuscule tellement la nature est grandiose."

Sommet de la Roche Ecrite

GR R2, étapes 3 et 4 > Dos d’Âne - Aurère - Grand-Place

J’ai mieux dormi et à 7h15, nous sommes en route, prêt·e à en découdre avec Mafate. Car c’est le grand jour : celui de notre rencontre tant attendue avec le fameux cirque. Les courbatures se sont invitées pour l’occasion.
Début de l’étape, nous tombons nez à nez avec des dizaines de traileur·ses qui font une course. C’est sympa (et on les encourage volontiers) mais aussi assez pénible car l’étape descend sec, sur un sentier étroit et un peu vertigineux avec quelques échelles, pendant qu’eux montent et nous devons les laisser passer. Ça nous fait perdre un peu de temps.
Nous finissons par arriver au cœur de Mafate après 2h de descente. Nous sommes sur un plateau entouré de montagnes impressionnantes et traversé par la Rivière des Galets. C’est superbe, on se sent minuscule tellement la nature est grandiose. Navrée pour vous mais c’est difficilement descriptible tellement c’est beau. Nous franchissons plusieurs fois la rivière et en profitons pour nous rafraîchir, très agréable sous ce soleil de plomb.
Nous rejoignons une forêt plus loin, bien content·e d’être à l’ombre pour attaquer la belle et rude volée de marches qui nous mènera à Aurère au bout de 15km et 800d+. Et la récompense en vaut la chandelle : Aurère est la mignonnerie incarnée. Un minuscule village au fin fond des montagnes, un chemin d’herbe qui le traverse, des maisons entretenues et colorées, un bar adorable (bon ok, fermé mais c’est dimanche) où nous faisons une pause sandwich. On est sous le charme de ce havre de paix.

Et ce n’est pas fini, nous poursuivons pour doubler la journée, direction Grand-Place les Hauts. Nous traversons l’îlet à Malheur et l’îlet à Bourse, deux bourgades charmantes. Il y a même une buvette dans la seconde où on se régale d’une boisson fraîche. Ceci dit, on en oublie l’essentiel : le sentier est plutôt exigeant, ça monte et descend sans cesse et toujours avec (je vous le donne en mille) des marches. Heureusement, les paysages sont à couper le souffle et le soleil ne nous quitte pas de la journée. On croise le chemin de quelques bambous géants, super impressionnants.
3h plus tard, nous voilà à destination. Encore un endroit adorable, le gîte est extrêmement paisible, entouré de végétation. Nous partageons notre dortoir avec 5 marcheur·ses super sympas avec qui nous passons une excellente soirée.
Et que serait une nuit en dortoir sans un bon ronfleur ?

Photo gîte à la Réunion pour le GR2

GR R2, étapes 5 et 6 > Grand-Place - Roche Plate - Marla

19,5KM // 2000 D+ / 900 D- // 7H30

La journée s’annonce longue, nous déjeunons en vitesse. L’inconvénient des nuits en gîte ici c’est que les petits-déjeuners sont servis assez tard (7h en moyenne) donc compliqué de partir aux aurores...
En route pour Roche Plate ! Et ça ne commence pas tout à fait comme prévu : on se trompe de sentier - plusieurs étaient indiqués au village - nous allons bien direction Roche Plate mais pas par le GR R2. C’est un autre sentier balisé, plus direct mais (spoiler) pas moins rude. Les puristes que nous sommes, vous le savez désormais, sommes un peu déçu·es de ne pas suivre le sentier “officiel” mais tant pis, pas le temps de faire demi-tour. Et puis on est bien trop occupés à descendre un chemin long et particulièrement raide qui nous mène aux pieds de la rivière… pour tout remonter. D’accord, c’est donc ça Mafate. Bon, les paysages restent exceptionnels et rendent la chose moins difficile. Parce que les marches qui nous emmènent à Roche Plate sont pénibles et on en monte un paquet. 3h et 900 d+ plus tard, on y est et on retrouve le GR R2. Remplissage des gourdes et nous voilà repartis vers La Nouvelle.

Encore une belle descente technique jusqu’à cette même rivière. Cette fois, on fait une vraie pause, on se baigne dans l’eau bien fraîche des piscines naturelles, on grignote le saucisson et fromage qu’on a eu la bonne idée d’emmener. L’endroit est magnifique. Même si on voit d’ici le beau sentier en lacets qui nous fera remonter jusqu’au village… Et la montée est costaud, sous une chaleur d’enfer, on subit. On croise le chemin d’une énorme araignée jaune et noire qui semble profiter paisiblement du soleil pendant qu’on compte les lacets…
Hop, nous voilà enfin à La Nouvelle, le plus grand village de Mafate. On en a plein les jambes. Une nouvelle pause s’impose, plus longue, dans la buvette du coin où il y a… des frites ! Je n’aurais pas rêvé meilleur repas !
Encore une fois, tout est super mignon, à commencer par les maisons pleines de couleurs, les jardins fleuris, la petite chapelle. On dirait un décor de film.

Allez, dernière étape du jour : Marla, tandis que le ciel se couvre un peu. Nous traversons une forêt de pins bien sympathique même si je suis lessivée et je n’ai qu’une hâte, celle d’arriver. Dernières f******g marches pour monter à 1600m, puis quelques jolies piscines naturelles juste avant la douce Marla.
On est à l’extrémité sud du cirque et on se sent comme au bout du monde (et au bout du rouleau, pour ne rien vous cacher), coupé·es de tout. C’est beau, beau, beau !
Petit bar en arrivant où nous buvons un coup avant de rejoindre notre gîte. Ce soir, c’est nuit en tente installée par le gîte. Et pas n’importe quelle tente : ils y ont mis un vrai matelas et une couette de compét’, merveilleux ! L’eau est chaude, le repas délicieux (même si on mange encore du riz, comme tous les soirs…) en bonne compagnie et la vue tout autour complètement dingue. Et je ne vous parle pas du ciel étoilé…

GR R2, étapes 7 et 8 > Marla - Cilaos - gîte de la Caverne Dufour

23KM // 2200 D+ / 1000 D- // 8H30

La nuit était incroyable, la plus confortable en tente que j’ai jamais passée, pour sûr ! Et cette vue dès le réveil, pfiou…
Je redoute un peu cette journée car les 2 étapes prévues sont longues - et coucou les jambes déjà lourdes des jours précédents - et il faut arriver avant la nuit qui tombe à 18h30. Nous partons donc sans traîner. Voilà, nous quittons Mafate au petit matin après l’avoir traversé en entier, non sans une belle montée par le col du Taïbit. A la fraîche, ce n’est pas trop difficile. Et le point de vue qui nous attend là-haut fait oublier toutes les douleurs : une vue remarquable sur Marla et ses environs. Une fois encore, je n’ai pas les mots.
Trêve de contemplation, l’heure est à la descente - interminable - vers Cilaos. De l’autre côté du col, le paysage est tout aussi époustouflant : nous sommes face au cirque de Cilaos qui s’étend majestueusement à nos pieds. Oubliés les villages, Cilaos est plutôt une ville visiblement, avec une vraie route pour y aller.
La descente à travers une jolie forêt est longue mais sans difficulté. Nous franchissons à nouveau un cours d’eau. Nous faisons halte à une tisanerie au milieu de nulle part, le très bon thé glacé nous requinque. En bas de Cilaos, des piscines naturelles font le bonheur des touristes, nous les traversons avant de monter vers la ville. 4h45 de marche, nous y sommes. Nous mangeons dans un snack et faisons quelques courses pour le soir car ce sera bivouac.

On se remonte les manches pour attaquer la 2e étape du jour : LA montée du GR, celle qui mène au refuge du Piton des Neiges (Caverne Dufour de son petit nom). On nous l’a décrite comme épique, en même temps 1400 d+ d’un coup, on n’en attend pas moins. Je vous laisse imaginer la succession de lacets, les marches à gogo, plus hautes les unes que les autres, le tout dans les nuages et donc… sans point de vue. Séb manque de perdre l’un de ses bâtons et moi je suis au fond du gouffre car je n’en vois pas le bout même si, au final, on avance bien. La preuve, nous sommes au sommet en 2h15 au lieu des 3h30 annoncées. Ouf ! Finalement, la journée aura été moins longue que prévue même si, entre nous, 8h30 d’effort, c’est bien assez.
La vue au sommet est saisissante : une mer de nuages à nos pieds avec quelques sommets qui émergent ça et là. Le refuge est juste derrière, dans un paysage rocheux et aride. Nous posons notre tente un peu plus bas, sur l’un des rares emplacements disponibles, face à ce paysage hors du commun. Nous sommes à 2400m, il fait vite froid. Nous mangeons notre petit sandwich en vitesse avant de nous glisser dans nos sacs de couchage.
Mer de nuages au sommet du piton des Neiges

GR R2, variante piton des neiges et étape 9 > Caverne Dufour - Bourg-Murat

20KM // 350 D+ / 1000 D- // 6H10

On met le réveil pour se lever pendant la nuit. Objectif : admirer le lever du soleil au Piton des Neiges. Mais pour ça, il faut grimper dès 4h du mat’. L’ascension n’est, heureusement, pas difficile. C’est toujours rigolo de voir toutes les frontales au-dessus et en-dessous de nous qui avancent dans la même direction. Vers la fin de la montée, les premières lueurs du jour pointent le bout de leur nez et le spectacle est magique. Le ciel étoilé se teinte d’orange et rouge. On dirait un kaléidoscope et on s’en régale. 1h30 plus tard, nous voici au sommet, à plus de 3000m. Ça caille avec ce vent ! Il y a pas mal d’emplacements de tente abrités - avis aux amateur·rices.
La vue à 360° sur l’île est incroyable : Mafate, Cilaos, la Roche Écrite, la Fournaise et j’en passe… Les cimes et crêtes se découpent nettement dans le ciel encore sombre. En quinze minutes, le soleil est levé et éclaire peu à peu les sommets tout autour, c’est vraiment extraordinaire. Seul bémol : un poil trop de monde autour de nous.
En descendant, il fait chaud. On est émerveillés par cette matinée mais aussi affamés alors on prend un bon petit-déj’ au refuge.
Levé de soleil au Piton des Neiges

"La vue à 360° sur l'île de La Réunion est incroyable"

Départ pour la suite du GR : Bourg-Murat, nous voilà. Le grand beau temps est toujours de la partie. L’itinéraire de cette étape a changé récemment et il n’est pas indiqué dans notre guide, on part à l’aventure, la vraie.
On déchante un peu en commençant à descendre, le sentier est super technique : cailloux, rochers, racines, on trébuche sans cesse et on n’avance pas. D’autant plus qu’il n’y a rien de particulier à admirer (oui, je deviens exigeante). Du coup, on peste et ça dure 2h. On finit par passer au-dessus d’une crête et le chemin est plus facile, en pente douce dans une petite forêt. C’est sans fin.
On atteint enfin la Plaine des Cafres, un panneau en vue ! Et là, douche froide, il reste 2h30 jusqu’à Bourg-Murat alors qu’on s’attendait à être bientôt arrivés. J’essaye de remonter le moral de Séb qui est aussi rincé que moi. Allez, on s’ambiance, de toute façon, pas le choix, il n’y a absolument rien ici pour s’arrêter. 

On traverse la plaine et le paysage nous surprend à nouveau, on se croirait dans le Limousin ou en pleine campagne normande. Des champs, des prés, des vaches, des collines et des ballots de foin. Qu’est-ce qu’on fait là ? À nouveau une forêt tout à coup dans laquelle on croise une famille de tangues, sorte de hérissons. Ils sont tellement mignons ! Ça nous met un peu de baume au cœur.
On est complètement KO, j’ai mal aux pieds, j’en ai plein le dos et la dernière heure nous achève : 5km de marche sur une départementale avec rien à voir du tout autour et toujours aucune ville en vue. On n’a plus d’eau, on est à deux doigts que le monde s’écroule. Et là, elle apparaît sous nos yeux : Bourg-Murat nous tend les bras. Et on s’y blottit dans la première épicerie qu’on croise, pour s’acheter à boire. Car la marche n’est pas finie, il nous reste 1km jusqu’au gîte. En montée, sinon c’est moins drôle. Le kilomètre le plus long de la terre. Sacrée journée ! Avec l’ascension du matin, ça nous fait pas loin de 26km.
Notre récompense, c’est ce gîte super confortable avec des hôtes adorables et un repas excellent (coucou le gratin de chouchou <3). Les convives sont tous très sympas et on passe l’une de nos meilleures soirées du trek.
Sommet du Piton des Neiges

GR R2, étape 10 > Bourg-Murat - Piton de la Fournaise

20KM // 1000 D+ / 400 D- // 5H25

Résultat : on n’a plus envie de partir donc on abandonne le trek.
Je déconne. Ceci dit, on prend notre temps pour décoller car aujourd’hui, une seule étape nous attend, celle qui nous mènera au Piton de la Fournaise. On espère qu’elle sera meilleure qu’hier ! Avant de partir, quelques courses car on enchaîne à nouveau avec une nuit en bivouac.
Le parcours commence par une légère montée, entre pâturages, collines et vaches. Cette fois, nous sommes dans les Alpes. Plus loin, nous traversons le Jura avec une jolie forêt de pins. On n’est pas mal ici.
Pour ceux·elles qui ont suivi, nous sommes bel et bien toujours à la Réunion et celle-ci nous le rend bien quand nous sortons de la forêt : une vue sans pareille sur une vallée époustouflante, avec un ciel sans nuage. Là, d’accord. Au loin, la fameuse Fournaise, majestueuse.
Nous débouchons finalement sur la route qui y mène, remplie de lave séchée et de cailloux. Le paysage est devenu lunaire et un peu monotone je dois dire. Nous sommes seuls au monde. Nous arrivons à l’oratoire Ste Thérèse où la vue sur la Plaine des Sables est admirable : un champ de lave et de roche à perte de vue.
Nous marchons encore 1h30 à travers celle-ci, sur un sentier relativement plat.
Après presque 5h30 de marche, nous voilà face au Piton de la Fournaise, ce gigantesque volcan qui entre en éruption presque chaque année. On y accède par un enclos - fermé en période d’éruption. On y voit les coulées de lave et l’immense plaine grise qui l’entoure. Je ne dirais pas que c’est beau (je suis plutôt team jungle à vrai dire) mais c’est super impressionnant.
Nous allons jusqu’au parking du Pas de Bellecombe. Heureusement pour nous, il y a un snack sur place où nous prenons des sandwiches gratinés aux bouchons (sortes de ravioles à la viande). On s’en régale face au volcan.
Nous posons notre tente derrière le snack, là où il y a les toilettes et cette délicieuse odeur de déjections. Bien évidemment, on se met plus loin et en réalité, le spot est vraiment superbe (et sans odeur) : vue imprenable sur le Piton. En plus, nous sommes seuls à profiter du spectacle. Le coucher de soleil sur le volcan est splendide, le ciel se pare de bleu, violet, rose et - chance ! - la pleine Lune prend sa place et éclaire à son tour le volcan… Bonheur !
Photo du Piton de la Fournaise

GR R2, étapes 11 et 12 > Piton de la Fournaise - gîte de Basse Vallée - Basse Vallée

23KM // 250 D+ / 2400 D- // 7H10

Je préfère être honnête : j’ai menti. On a fait ces deux dernières étapes en deux jours. Mais bon, ça peut largement être fait en une seule journée, c’est juste qu’on avait le temps.
Bref, la journée démarre avec un petit lever de soleil sur le volcan. C’est paisible. Nous plions bagages et prenons un petit déj’ au snack (ciel, des viennoiseries !).

C’est le jour de la descente vers la mer ! On l’appellera : “la descente de l’enfer”. Et vous allez comprendre pourquoi.
Mais d’abord, nous longeons l’énorme cratère du volcan un moment. C’est sympa mais aussi super venteux et on n’a pas chaud. Le paysage est désertique donc on finit par s’ennuyer un peu. Peut-être aura-t-on manqué d’attention ou alors c’est la fatigue qui s’installe mais, quoi qu’il en soit, on écope d’une chute chacun et quelques éraflures.
Pourtant, le plus dur est à venir : la descente dont je vous parlais. Technique à souhait, super raide, des cailloux tranchants partout qui roulent sous les pieds, puis des racines en veux-tu en voilà quand on arrive dans la jungle. Nous voyons la mer au loin et ça, c’est beau. Car pour le reste, c’est dur et ça demande une concentration sans faille. Le sentier nous semble plus long qu’un jour sans fin, surtout que le paysage varie peu. Exigeante, je vous avais dit.
La jungle devient peu à peu forêt et enfin nous débouchons sur le gîte de Basse Vallée. Gîte au calme, équipé d’un jardin arboré et d’une charmante terrasse - pour prendre l’apéro - ainsi que d’une douche bien chaude. Petite sieste avant le repas du soir où, une fois n’est pas coutume, on se régale (cette fois avec un délicieux gratin de songe aka un cousin de la pomme de terre). Nous le partageons avec des marcheur·ses très sympathiques avec lesquel·les on rigole bien. Dernier repas au milieu de la nature alors, on le savoure.

Le réveil se fait en douceur. Nous quittons le gîte non sans un pincement au cœur car nous savons que très bientôt, nous allons retrouver la vraie vie et son rythme moins paisible. Nous prenons donc notre temps pour terminer la descente jusqu’à Basse Vallée.
Nous sommes dans une forêt bien dense, le sentier se termine sans peine sous un beau soleil. 1h30 plus tard, nous voici à Basse Vallée où le GR prend fin à l’église du village, sans fioriture, même pas un petit panneau de fin, rien. Tant pis, on fera notre petite photo de trekkeur·se comblé·e au bord de la mer. Des étoiles plein les yeux et des souvenirs plein la tête. Pfiou, c’était incroyable et ça nous emplit de fierté.

Photo du séjour pendant le GR2

Le petit bonus

La faune et la flore observées

On a vu tellement d’arbres et de plantes différents de ce qu’on a l’habitude de voir sur le GR R2 que je ne saurais les citer. Ah si, le vacoa et son pimpin. On en a vus des tonnes. C’est un arbre qui porte un fruit endémique de la Réunion (le pimpin donc), de la taille d’une noix de coco mais avec d’énormes écorces type pomme de pin. C’est très étonnant, d’autant plus quand on apprend que ça pousse en un an, que ça se casse avec un marteau (et donc peu de Réunionnais·es en consomment) et que ça peut se cuisiner à toutes les sauces : confiture, gratin, beignet… On en a goûté une fois et c’était très bon !


Mon astuce développement durable

En trek, on utilise un savon biodégradable pour pouvoir se laver dans les rivières si besoin. En plus, ça sert pour la lessive et la vaisselle, pratique.

Enfin, à la Réunion, les déchets sont comptés car pas simples à évacuer, surtout à Mafate où il n’y a aucune route. Donc on emmenait toujours tout avec nous pour jeter dans les plus grandes villes qui disposent d’un système de tri et de ramassage, comme en métropole.


Mon anecdote de trek

Je vous ai parlé des marches ?


Les bons tuyaux sur ce trek

Si je ne devais vous donner qu’un seul conseil : si vous voulez faire le trek en gîte, réservez plusieurs mois à l’avance. Ils sont très souvent pris d’assaut et assez peu nombreux, surtout aux deux Pitons. Bref, il faut anticiper le plus possible. Sinon, le bivouac est toléré - à condition bien sûr de ne laisser aucune trace derrière vous - et il y a quelques campings de temps en temps sur le parcours, même à Mafate.
Enfin, commencez à marcher tôt, soleil quasi garanti !

Mon meilleur souvenir

Si vous avez tout lu, vous vous en doutez : l’incroyable Mafate. Et en particulier notre arrivée par Aurère, tant le village est adorable. En plus, il y avait des mini bananes à disposition à l’entrée du village, un régal. Et notre départ par le col du Taïbit où on se rend compte de ce qu’on a traversé et de la beauté inouïe des paysages.
Je garde aussi en mémoire notre dernier repas en gîte, à Basse Vallée. Il y avait une super ambiance et on était tou·tes heureux·ses de terminer le trek.


Mon indispensable en montagne

Je triche, j’en ai deux. D’abord, un bon duvet en plume, c’est la base. Parce que ça caille certaines nuits, surtout avec l’altitude. Et on ne dira jamais assez que le sommeil en trek, c’est crucial.
Le deuxième : des pansements Compeed. Et cette marque sinon rien. Je suis très sujette aux ampoules, ça m’a évité bien des douleurs. En plus, ils tiennent des jours, c’est vachement bien fait.

L'incroyable Mafate à La Réunion

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