Itinérance en vélo : la Troll Gravel Way

Après une deuxième journée de train scandinave, arrivée en Norvège en fin d’après-midi. Un transfert en train nous emmène dans les Hautes Terres. Installation dans une auberge traditionnelle, dernier point de confort avant l’aventure. Briefing du guide sur la semaine à venir, vérification du matériel, et nuit au chaud avant l'immersion.

Cette journée est consacrée aux derniers préparatifs avant votre départ. Vous commencez par vérifier minutieusement votre équipement : vélo, sacoches, vêtements adaptés à la météo norvégienne, et matériel de sécurité. Chaque détail compte pour que votre aventure se déroule sans accroc. Vous passez en revue votre itinéraire.

Vous prenez place sur la selle dès l’instant où vos roues touchent le portail de la gare de Vinstra. Le monde asphalté s’efface progressivement derrière vous : première montée sur la Fv243, parfois raide, mais ponctuée de panoramas sur la vallée qui s’ouvre. Puis, soudain, le pavé disparaît.

Sous vos pneus, le gravier crisse et la forêt vous enveloppe. Les sapins filtrent la lumière, le sous-bois exhale une fraîcheur presque humide. Vous pédalez entre des lacs silencieux, tentants comme des miroirs. Sur le bord, de petits bancs vous invitent à une pause, à sentir, ne serait-ce qu’un instant, la lenteur nordique. Nuit à la belle étoile ou au pied des arbres, dans un calme profond.

Le soleil matinal perce à peine la canopée, et déjà la journée promet des sensations différentes. Vous repartez vers les derniers lacets menant aux sommets. Les ascensions se font plus tendues, mais récompensées par des vues dégagées. Le monde en bas devient une aquarelle en contrebas.

La descente vers Ruten est tout en douceur, gravier lisse, allure maîtrisée. À l’arrivée, deux options : un confort rassurant à Ruten Fjellstue ou une immersion bucolique sur les rives du lac Olstappen. L’eau, calme comme un rêve, offre une baignade qui lave fatigue et esprit.

L’itinéraire longe le lac d’un bleu profond, la lumière du nord danse sur l’eau. Vous profitez des derniers instants au bord pour tremper vos mollets, si l’envie vous domine.

Puis, la montée s’amorce via une route gravillonneuse et peu fréquentée. Le paysage devient plus épuré : plateaux ouverts, lacs solitaires, cabanes colorées comme des touches de chaleur dans une toile fraîche. À l’arrivée, Bygdin et son fjellhotel offrent un havre de chaleur, avec café et lits rassurants.

À la sortie, la randonnée reprend avec une montée régulière sur la Slettefjellvegen. Le sol est compact, l’effort soutenu, rythmé par des névés persistants et des reflets métalliques dans les eaux hautes. Chaque coup de pédale est une invitation à lever les yeux, à avaler des panoramas vertigineux.

L’apogée, un plateau altier à plus de 1 200 m : on s’y arrête pour respirer, regarder les nuages courir. Puis la descente s’ouvre, rapide et libératrice, filant vers Syndisfjellet. L’air devient plus dense, plus chaud, bienvenue au refuge de Syndinstøga, où les gaufres et le chocolat chaud sont vécus comme une étreinte.

Le gravier se transforme en singletrack au fil des fermes et pâturages. À Murkelie, l’abri Stugardsbue vous tend les bras, chaleureux, hors du temps.

Vous évoluez sur plateaux. Ensuite, les sentiers gagnent en technicité, avant la première vue sur Gol, ville animée comme une fissure dans l’enchantement. Le bruit des cafés, des boutiques, est la renaissance à la civilisation.

Le départ se fait sur une piste cyclable bien entretenue, presque familière après les jours sur la gravel. Bientôt, le gravier reprend, et vous retrouvez cette douce oscillation entre nature et solitude, longeant la rivière. Ici, tout respire lenteur et évidence.

Quand vous atteignez Geilo, un pont entre l’espace sauvage et la route, la circulation revient en douceur depuis le banc du cycliste, on sent le trafic, mais jamais comme une intrusion. Vous terminez l’étape à Haugastøl, à l’orée du Rallarvegen.

Rallarvegen commence, et avec lui, un vent froid chargé d’histoires de cheminots, de voyageurs, et de traitres de fers.

Autour de vous, les montagnes portent encore la mémoire de labeur humain: tunnels, ponts, viaducs qui témoignent d’efforts d’antan. Finse apparaît comme un havre suspendu, entre géologie et mythe. Le musée du chemin de fer vous invite à plonger dans l’esprit pionnier des bâtisseurs de tunnels.

Dernière montée, ultime respiration sous la neige résiduelle. Puis la pente s’incline, et vous basculez dans une descente épique : cascades portées par la gravité, légères inhalations d’air froid, un monde qui défile à l’accéléré.

L’arrivée à Flåm est un choc : montagnes abruptes, eaux brillantes, bateaux majestueux. Vous êtes près du fjord, au repos, et le voyage continue dans le regard que vous porterez sur ces journées passées à travers la Norvège sauvage.

Après un dernier petit-déjeuner au cœur de la Norvège profonde, nous prenons le train en direction d’Oslo, la capitale norvégienne. Le trajet offre une transition progressive entre la nature intacte et la vie urbaine. À Oslo, un temps libre permet de découvrir la douceur scandinave dans ses rues calmes, ses cafés ou au bord des fjords, avant la suite du voyage ou nous prenons la direction de Stockholm.

Nous embarquons pour le voyage retour vers Paris. Le train nous berce tandis que les paysages changent, emportant avec eux les souvenirs de cette aventure unique. Ce temps de retour est l’occasion de faire le point, d’échanger, et de laisser peu à peu le rythme des montagnes s’effacer, tout en emportant avec soi l’empreinte indélébile du pays des trolls.