Récits de voyage

A la découverte de la Loire en kayak

Pendant neuf jours et sur un peu plus de 300 kilomètres, Justine Andres et Thomas ont descendu la Loire de Nevers à Tours. Un projet sportif mais aussi engagé puisqu'ils ont recensé les déchets sur le fleuve dans le cadre du projet Plastic Origins.


"Pour agir à notre mesure, Justine Andres et moi avons proposé à Surfrider Fondation de prendre part à leur projet de sciences participatives nommé Plastic Origins qui vise à observer la pollution des cours européens pour alimenter une cartographie de la pollution marine européenne. A l'origine, notre regard s’est porté sur la Dordogne que nous souhaitions descendre en kayak, armés de deux pagaies, de notre bonne volonté et de l’application Plastic Origins pour recenser tous les déchets croisant notre chemin. Pour nous aider dans cette entreprise, Itwit a accepté de nous équiper afin de faciliter notre projet tout aussi sportif qu’engagé."

De Nevers à Tours

À Nevers, nous avons immédiatement pris conscience du danger principal de notre aventure : le passage des ponts. Derrière le pont de Nevers, il y a une jeté métallique qui se repère difficilement lorsque l’on vient de l’autre côté du fleuve. Nous avons décidé de démarrer derrière ce pont.

Les premières heures étaient particulièrement agréables car la Loire traverse des zones sauvages et silencieuses. On s’est immédiatement senti dépaysé ! Contrairement à la marche, le vélo, le roller ou tout autre moyen de déplacement terrestre qui demande plusieurs jours avant de réussir à se déconnecter du quotidien, sur l’eau on se sent coupé du monde en quelques minutes. Quitter notre élément naturel, la terre, pour avancer sur l’eau créé une scission immédiate avec la routine.

Peut-être à cause du niveau d’eau plus élevé que la normale saisonnière, nous n’avons vu aucune embarcation le premier jour. Le fleuve était tranquille. Après 30 kilomètres, le plus plaisant fut l’installation du camp sur un îlot ! Avec ses nombreux îlots et banc de sable, la Loire permet de naviguer plusieurs jours dans le silence et de dormir chaque soir sur des plages différentes. Pour ceux qui rêvent de se couper du monde sur une île déserte, le plus grand fleuve de France est peut-être la solution.
Le lendemain, nous avons aperçu nos premiers déchets. Avec Plastic Origins nous avons fait une formation en ligne afin de découvrir leur projet et de comprendre leur application, mais c’était notre première utilisation sur le terrain. Plutôt simple, il suffit de choisir la rive (droite ou gauche), le mode de déplacement (kayak ou marche le long de la berge) et le mode de saisi (manuel ou vidéo, auquel cas l’intelligence artificielle identifie le déchet sur le clip vidéo). Ensuite, on indique le type et le nombre de déchets observés et on envoie les données ! L’objectif du projet Plastic Origins est de recenser la pollution des cours d’eau pour alerter les pouvoirs public sur la provenance de la pollution maritime et ainsi agir à la source. Leur projet s’arrête cependant au recensement et nous nous appliquions à ramasser tous les déchets observés. Sur le kayak un espace était prévu pour les sacs poubelles.

On a continué notre chemin vers Orléans avec ce rythme journalier propre à une aventure en kayak : on pagaie, on décharge nos affaires sur un îlot, on dort, on repart !
La nuit, nous étions bercés par le chant des grenouilles et le déplacement des oiseaux et des castors autour de la tente. S’il n’y avait pas eu les moustiques, nous aurions touché la perfection !

En chemin, quelques rencontres et découvertes ont animés nos journées. On s’est retrouvé maître d’une cabane magique pendant quelques heures, co-équipiers d’une embarcation en bois traditionnel, explorateurs d’un bras de fleuve à la végétation luxuriante après s’être trompé de chemin.

Près du barrage qui fait face à la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire, Justine et moi avons tourné dans le mauvais bras et nous sommes embarqués au cœur d’une végétation que nous avons traversé non sans mal. Certains passages contenaient si peu d’eau que nous avons dû marcher et remettre le kayak à flot quelques mètres plus loin. Nous devons notre réussite seulement au niveau d’eau plus élevé que la normale saisonnière et sans cela nous aurions eu du mal à sortir de cet endroit. Une fois sorti de là, on a aperçu le bras que nous aurions dû emprunter en nous disant : “C’était tellement drôle ! On a bien fait de se tromper.”

Arrivés à Orléans, nous avons rendu visite à une amie quelques jours avant de retourner à l’eau. Après Orléans, la Loire est de plus en plus habitée et les tronçons sauvages se font de plus en plus rares. Le soir, depuis les îlots, il n’est pas rare d’entendre le bruit des gens sur les berges. Sentiment étrange que de dormir coupé de tout, au milieu de l’eau, et en même temps si près des autres. Mais les soirées au bord de l’eau n’ont pas perdu leur charme pour autant.
Après neuf jours sur l’eau et un peu plus de 300 kilomètres nous arrivons à Tours. Retrouver sa bipédie n’est pas déplaisant car les journées sur le kayak sont merveilleuses et pleines de poésie, mais énergivores. Nous restons convaincus que le kayak est un mode de déplacement qui a le pouvoir de nous sortir de notre routine en un temps record. Alors n’attendez pas, jetez-vous à l’eau !
La loire en kayak

Le matériel

L’équipement nous a été fourni par Itiwit. Lorsque l’entreprise nous a demandé quel kayak serait le plus adapté à notre projet, nous avons répondu sans hésiter : le kayak Touring 100 deux places. Ce kayak gonflable s’est montré très résistant bien que nous ayons franchi des bras d’eau peu profonds. Chaque fois que le fond du kayak cognait contre un banc de sable je craignais une crevaison mais l’embarcation ne nous a pas fait défaut. Pour avancer, les pagaies Itiwit x100 sont en aluminium et pèsent 1100g. Les tenir toutes la journée demande plus d’effort que des pagaies en carbone mais elles sont très solides et offrent une résistance ferme dans l’eau. Nous transportions notre équipement de bivouac, nos vêtements ainsi que nos provisions et de l’eau dans un sac à dos étanche Itiwit 30L ainsi que des sacs polochon 10L et 40L. Ils étaient parfaits et satisfaisaient parfaitement nos besoins.
La loire en kayak