Aventure photo et odyssée en ski-pulka sous les lumières boréales

Le périple continue, toujours plus au nord. Après avoir traversé l’Allemagne et le Danemark, le train serpente désormais au cœur des forêts suédoises. Stockholm marque une halte bienvenue, avant de repartir pour le grand nord. Les gares deviennent rares, les paysages plus vastes, plus blancs. Dehors, les lacs gelés et les épinettes givrées s’étirent à perte de vue. Peu à peu, le sentiment d’entrer dans un autre monde s’installe : celui de la Laponie. Ce voyage en train et aussi le moment idéale pour apprendre les bases de la photographie enn milieu polaire. Comment gérer son boitier et objectif par grand froid, la gestion de ces batteries...

À l’aube, le train s’arrête à Abisko, petit village niché au cœur d’une nature sauvage. Le froid saisit les premiers instants, l’air est vif et le silence saisissant. Sacs sur le dos, nous partons pour une première marche dans le canyon d’Abisko. Sous nos pas, la neige craque ; autour, les bouleaux dénudés et les parois gelées offrent un décor presque irréel. Le voyage intérieur commence : tout devient plus lent, plus vrai.

Aujourd’hui, on peaufine les derniers détails avant l’itinérance. Le matin est consacré à l’équipement : on teste les skis nordiques, on apprend à tracter la pulka et à ajuster son sac. L’après-midi, un briefing photo est proposé pour aborder la pratique dans le grand froid : Quels réglages privilégier dans une lumière changeante ? Comment photographier avec des gants, sans geler ses doigts ?

Gestion du souffle sur l’objectif, condensation, déclenchement en manuel...

Puis, premiers essais de prise de vue en conditions réelles. La lumière rasante du nord, les reliefs bleutés, les bouleaux givrés… offrent déjà de superbes opportunités d’image. Les premières aurores pourraient même apparaître dès ce soir. La magie commence.

Le raid commence pour de bon. En quittant Abisko et en remontant la Kungsleden, nous traversons les premiers grands espaces nordiques. Le lac gelé d’Abiskojávri offre des reflets fascinants et une lumière idéale pour tester la prise de vue en grande blancheur. Des pauses photos sont prévues régulièrement, pour immortaliser la progression, le relief, les arbres figés dans la glace.

Le soir, dans le refuge, chacun peut faire un premier tri, échanger sur ses réglages et retours d’expérience. L’aventure visuelle est bien lancée.

La progression continue au cœur d’une nature vaste et silencieuse. Les lumières rasantes d’hiver offrent des teintes dorées, bleutées et pastel uniques, que l’on prend le temps de capturer. Entre deux montées, on s’arrête pour cadrer un contre-jour sur la neige soufflée, un reflet sur la pulka, ou simplement le groupe en mouvement dans l’immensité.

Le soir, au bivouac, si le ciel est dégagé, les aurores boréales peuvent venir offrir leur premier spectacle. Trépieds de sortie, réglages spécifiques, temps de pose long… les photographes s’en donnent à cœur joie.

Installés pour deux nuits dans un décor isolé, nous profitons de cette pause logistique pour partir léger, sans pulka, et explorer les environs avec plus de liberté. Une vallée glaciaire aux parois spectaculaires se dévoile : cascades de glace, formations rocheuses bleutées, ombres portées sur la neige immobile.

Ces deux jours permettent aussi d’approfondir la photo : cadrage minimaliste, gestion des hautes lumières sur la neige, ou composition de scènes avec les autres membres du groupe.

Le soir, si les conditions sont réunies, session nocturne sous les aurores boréales.

La vallée que nous traversons aujourd’hui est l’un des temps forts du séjour : cascades de glace figées, falaises couvertes de givre, volutes de neige soulevées par le vent. Les pauses photos sont nombreuses et parfois silencieuses, tant le lieu impose le respect. L’occasion de capturer des scènes d’ambiance, d’expérimenter le noir et blanc, ou de travailler les jeux d’échelle entre humain et nature.

Une journée pour laisser parler le regard, plus que les mots.

Dernier jour d’itinérance. Nous démontons une dernière fois le camp, presque à regret. Encore quelques vallées, quelques lacs à traverser. La pulka ne pèse plus, le corps a appris. La lenteur est devenue plaisir. Puis, au détour d’une crête, Rautas apparaît, petit hameau perdu dans la taïga. Le bus nous attend. Le retour s’amorce, doucement.

Le soir on ne peut plus attendre les ordianteur s'ouvre et on commence a sauvegarder les images de l'aventure.

Le train repart. Les forêts enneigées s’éloignent, les montagnes s’effacent lentement. Le roulis nous emporte doucement vers le sud. Ce retour par la lenteur prolonge un peu le voyage intérieur, avant de revenir à la vie quotidienne.

Une halte à Stockholm permet de découvrir brièvement la capitale suédoise, ses canaux gelés, ses rues vivantes, son architecture entre tradition et modernité. Puis nous reprenons le train de nuit vers Hambourg. L’esprit est encore là-bas, dans les grands espaces blancs, même si les visages se détendent et les conversations se réaniment.

Retour à Paris. Trois jours de train pour atterrir en douceur. Le bruit, l’agitation, les repères familiers. Le voyage se termine, mais quelque chose reste : le froid sur la peau, la lumière dans les yeux, la paix en soi.