Itinérance en ski de randonnée, la haute route du Jotuheimen

Après une deuxième journée de train scandinave, arrivée en Norvège en fin d’après-midi. Un transfert en bus nous emmène aux portes du parc national du Jotunheimen. Installation dans une auberge traditionnelle, dernier point de confort avant l’aventure. Briefing du guide sur la semaine à venir, vérification du matériel, et nuit au chaud avant l'immersion.

Notre aventure commence à Lom, charmant village au pied du Jotunheimen. Avant de gagner les hautes vallées, nous prenons le temps de visiter la stavkirke de Lom, une majestueuse église en bois debout du XIIe siècle, aux allures de temple viking. Sculptures de dragons, toitures d’écailles sombres et ambiance païenne nous plongent dans l’imaginaire norrois.

Nous longeons ensuite les gorges figées de la rivière Bøvre, entre cascades gelées et falaises sculptées par le gel, avant de rejoindre en véhicule la haute vallée de Spiterstulen, camp de base perché à 1 100 mètres d’altitude.

Installation au refuge, puis petite sortie à skis dans la forêt ou sur les flancs du plateau, pour tester le matériel, ajuster les peaux, et s’accorder avec la neige du Grand Nord. Le soleil rasant d’hiver dore les reliefs : le raid peut commencer.

Dès les premières foulées à skis, nous entrons dans un monde de silence. L’itinéraire serpente au pied du majestueux Glittertind (2 464 m), second sommet de Norvège. Glaciers suspendus, vallées glacées, torrents figés sous la neige : le décor est d’une blancheur totale. L’ambiance devient mystique, presque irréelle — la légende veut que les trolls rodent entre ces montagnes...

Arrivée au refuge de Glitterheim, isolé au fond d’un cirque glaciaire, où le bois qui crépite et les lumières tamisées réchauffent le cœur.

Une longue et splendide étape nous attend, à travers des vallées glaciaires bordées de parois vertigineuses. Le terrain est sauvage, parfois balayé par le vent. Nous croisons les traces de renards, parfois celles des rennes, silhouettes furtives sur les plateaux. Le rythme est fluide, la progression continue, en autonomie.

En fin de journée, nous rejoignons Memurubu, un refuge posé entre montagnes et lac gelé, totalement isolé du monde moderne. Une immersion complète dans le blanc.

Journée plus douce, mais tout aussi magique. Nous longeons le lac Gjende, vaste miroir gelé pris entre les montagnes. Le paysage semble figé dans le temps. En contrebas, les bouleaux nains recouverts de givre se dressent comme des sculptures naturelles. Une journée idéale pour savourer l’environnement, affiner sa technique ou simplement glisser en silence.

Arrivée au refuge de Gjendebu, l’un des plus anciens de Norvège, niché dans un décor enchanteur.

Aujourd’hui, cap vers les plateaux d’altitude, vastes étendues blanches balayées par les vents. Nous quittons les vallées pour prendre de la hauteur, dans un univers de silence et de lumière. Les panoramas s’ouvrent à perte de vue : en toile de fond, des dizaines de sommets enneigés dressent leur silhouette sur l’horizon.

L’arrivée à Leirvassbu, haut lieu du ski de randonnée norvégien, marque une étape forte du raid. Ici, le ciel est immense, et la nuit profonde.

Dernière journée à ski, toute en douceur, le long d’une ancienne moraine glaciaire. Le regard se perd dans les grands espaces, et l’esprit se pose. Avec un peu de chance, nous apercevrons un lagopède ou un renard polaire furtif entre les rochers.

Retour à Spiterstulen, là où tout a commencé, pour une dernière soirée partagée autour d’un bon repas norvégien. L’occasion de revivre ensemble les moments forts de cette traversée unique du Jotunheimen.

Aujourd’hui, place à un moment fort du séjour : l’ascension du Galdhøpiggen, toit de la Norvège. Dès l’aube, nous quittons Spiterstulen à skis pour entamer une longue montée progressive dans un décor austère et magnifique. Les pentes se redressent peu à peu, les paysages s’ouvrent, et le silence devient total.

Au fil de la montée, le souffle se cale sur le rythme des conversions. L’ambiance devient haute montagne : vastes champs de neige, combes glacées, crêtes effilées… L’itinéraire peut nécessiter un encordement selon les conditions, notamment sur les sections sommitales.

L’arrivée au sommet du Galdhøpiggen (2 469 m) est une récompense inoubliable. Par beau temps, la vue s’étire à 360° sur l’ensemble du massif du Jotunheimen, jusqu’aux fjords lointains. Là-haut, dans ce monde blanc et silencieux, le sentiment d’immensité est total.

Après une pause bien méritée au sommet, nous redescendons par le même itinéraire, dans une neige souvent changeante, jusqu’à retrouver la chaleur de Spiterstulen. Une grande journée d’altitude, entre engagement et contemplation, gravée dans les jambes et la mémoire.

Le départ de Spiterstulen marque la fin de notre immersion en haute montagne. Nous reprenons la route vers Lom, en traversant à nouveau les paysages sauvages et apaisants du Jotunheimen. Cette étape plus tranquille permet de se reconnecter doucement avec la vie de vallée, tout en revivant les instants forts de notre traversée nordique. Soirée à Lom, où l’atmosphère chaleureuse du village invite au repos et au partage

Après un dernier petit-déjeuner au cœur de la Norvège profonde, nous prenons le train en direction d’Oslo, la capitale norvégienne. Le trajet offre une transition progressive entre la nature intacte et la vie urbaine. À Oslo, un temps libre permet de découvrir la douceur scandinave dans ses rues calmes, ses cafés ou au bord des fjords, avant la suite du voyage.

Nous embarquons pour le voyage retour vers Paris. Le train nous berce tandis que les paysages changent, emportant avec eux les souvenirs de cette aventure unique. Ce temps de retour est l’occasion de faire le point, d’échanger, et de laisser peu à peu le rythme des montagnes s’effacer, tout en emportant avec soi l’empreinte indélébile du pays des trolls.