Alpinisme sauvage en Norvège avec camp base au Svartisen

Réveil à l’aube dans la capitale suédoise, le temps d’un café rapide avant de poursuivre vers Oslo. La traversée de la Suède s’ouvre sur une nature de plus en plus vaste. À Oslo, changement d’ambiance : la Norvège vous accueille avec ses fjords et ses montagnes. Vous continuez en train vers Bodø, tout au nord, là où les rails se terminent. Arrivée tardive au bord de l’océan Arctique, et nuit en Hotel. L’air a changé. Il est plus frais. Plus vif. L’expédition est en marche.

Le matin, vous embarquez sur un bateau côtier qui file vers le Holandsfjorden, bras de mer bordé de montagnes abruptes et de langues glaciaires plongeant dans l’eau. Au loin, la calotte du Svartisen se dévoile, massive, blanche, silencieuse. Vous débarquez sur les rives du fjord, puis randonnez jusqu’au refuge de Tåkeheimen, perché au-dessus du glacier Engabreen. Nuit en refuge, face à l’un des derniers bastions de glace d’Europe continentale.

Aujourd’hui, vous entrez dans le vif du sujet. Sur le glacier Engabreen, vous apprenez les techniques de base de l’alpinisme glaciaire : encordement, progression en crampons, assurage en mouvement, franchissement de ponts de neige, lecture du terrain crevassé… Le cadre est spectaculaire : un glacier plongeant dans le fjord, encadré par des parois austères. Le soir, dernière nuit en refuge, derniers lits avant le grand départ.

C’est le jour du basculement dans l’engagement. Les sacs sont prêts, les pulkas chargées. Vous quittez le refuge pour remonter la langue du glacier et atteindre le cœur du Svartisen, cette vaste calotte glaciaire perchée à plus de 1000 mètres d’altitude. Une fois sur le plateau, le monde bascule : plus de repères, plus de végétation. Juste la glace, le vent, et l’espace. Installation du camp de base pour 6 nuits, sur un site sécurisé en pleine calotte.

Aujourd’hui, cap vers Juret, sommet plus raide et plus technique. L’itinéraire longe des crêtes aériennes avant de déboucher sur un petit dôme sommital. Ambiance alpine assurée, avec une vue saisissante sur la langue du glacier. Progression plus technique, assurage ponctuel, début d’autonomie dans les cordées. Le groupe monte en puissance.

Une longue journée de marche et de montée vers Kjølfjellet, sommet effilé marquant la frontière visuelle avec l’océan. Itinéraire engagé, mix de neige, glace et rocher. L’altitude et le froid testent le mental autant que le physique. L’effort est collectif, la réussite aussi. Le soir, satisfaction silencieuse sous les couleur du soleil de minuit.

Direction le Snotinden, sommet glaciaire accessible depuis le camp. L’ascension se fait en cordée, en douceur, pour appréhender la marche en neige et les grandes distances blanches. Du sommet, une vue à 360° sur l’ensemble de la calotte et les fjords environnants. Le soir, retour au camp, repas chaud sous la tente mess.

Réveil matinal pour profiter de la lumière rasante sur la neige. Ascension légère et fluide du Frokosttinden, parfait pour une matinée active. Ce sommet secondaire offre un panorama unique sur la partie nord de la calotte. Retour au camp en début d’après-midi, après-midi de repos, atelier de crevasse ou petite exploration libre selon la météo. Temps pour soi, carnet de bord, contemplation.

Dernier sommet, et non des moindres. Helgelandsbukken, le plus majestueux du secteur, exige une belle endurance. Du haut de ses 1 454 mètres, il domine la calotte glaciaire, les fjords et l’archipel de la côte norvégienne comme un véritable trône de glace. L’ascension est longue, engagée, souvent exposée au vent, mais la vue là-haut est à couper le souffle, un véritable final en beauté.

Après une pause au sommet pour savourer l’instant, vous entamez la descente, quittant progressivement la blancheur glacée pour retrouver les roches et les mousses. En fin de journée, vous atteignez le refuge de Tåkeheimen, pour une dernière nuit chaleureuse et bien méritée après plusieurs jours en autonomie sur la glace.

Dans la matinée, vous entamez la dernière portion de descente vers les rives du fjord. Le glacier se rétrécit, les parois rocheuses s’élèvent autour de vous, la végétation reprend doucement ses droits. Vous quittez le royaume du blanc pour retrouver le monde des formes, des odeurs, de la vie.

En bas, le bateau côtier vous attend. Vous embarquez à nouveau sur les eaux profondes du Holandsfjorden, cette fois en spectateur. Le glacier que vous avez foulé pendant plusieurs jours semble presque irréel depuis le pont du navire. En fin de journée, vous accostez à Bodø. Retour à la ville, au bitume, à l’agitation relative. Installation à l'hôtel.

Cette journée est prévue comme une marge de sécurité avant le voyage retour, pour permettre à chacun de récupérer, gérer le matériel et absorber d’éventuels imprévus logistiques. Le matin est consacré au séchage, au tri et au rangement de l’équipement utilisé durant l’expédition glaciaire. C’est aussi le moment de faire un point collectif sur l’aventure, partager les ressentis du groupe et clore l’expérience sur la calotte.

L’après-midi est libre. Chacun peut en profiter pour se reposer ou découvrir la ville de Bodø, ses quais, ses cafés, ou ses points d’intérêt comme le musée de l’aviation ou les petites criques accessibles depuis le port.

Vous quittez le cercle polaire par le rail. Une journée complète de train panoramique à travers montagnes, plateaux et forêts. Le regard perdu dans la vitre, chacun digère à sa manière l’expérience vécue. Arrivée à Oslo en soirée, nuit en Hôtel.

Retour vers le sud de l’Europe. Le voyage inverse le fil du départ. Passage par Stockholm, puis embarquement à bord du train de nuit vers Hambourg. L’expédition devient souvenir, carnet de route, récit intérieur.

Dernier train. Retour en France dans l’après-midi. Les jambes sont peut-être lourdes, mais l’esprit est rempli de blancheur, de sommets, et de silence arctique. Un voyage lent, puissant, et profondément marquant.