Environnement

Le sport est-il compatible avec les frontières planétaires ?

Quel lien peut-il y avoir entre frontières planétaires et sport ? Nous avons enquêté sur le sujet pour essayer de comprendre comment agir.

Comment imaginer un futur du sport avec des températures mondiales qui augmentent ? Risques de coups de chaleur, de déshydratation, et de crampes… Oui, chacun•e a tout intérêt à s’y préparer, et, mieux, de contribuer à limiter ce dérèglement climatique.

De quoi on va parler ?

  1. Le sport met sous tension les limites planétaires ?
  2. Adapter sa pratique permet de limiter son impact 

Faire du sport serait nuisible à la planète ? L’affirmation peut surprendre… voire avoir l’air carrément déprimante. Car si même le bon vieux foot du dimanche ou la traditionnelle piscine du mercredi mettent en péril notre futur commun, alors on est quand même vraiment mal parti… En réalité, comme beaucoup d’activités humaines, ce n’est pas tant le sport lui-même qui soulève une question, mais plutôt la manière dont on le pratique.

Le sport met sous tension les limites planétaires

C’est un fait, le sport a un impact sur l’environnement. On ne parle évidemment pas ici de la chaleur générée pendant l’effort (restons modestes), mais bien de l’ensemble des infrastructures et des ressources nécessaires à la pratique sportive contemporaine.
Sans trop s’en rendre compte, on consomme en effet une grande variété de ressources, naturelles ou transformées, lorsqu’on s’en va transpirer sur un terrain, se muscler en salle ou barboter dans la piscine du quartier. Citons-en quelques-unes :
Randonnée en montagne en famille
💧 L'eau :
L’exemple le plus évident ? Le remplissage d’un bassin de nage, qui peut représenter jusqu’à 3,5 millions de litres si la piscine est olympique. Mais il y a aussi l’eau qu’il a fallu pour arroser la pelouse de foot ou reneiger artificiellement les pistes de ski. Ou encore celle pour produire nos vêtements de sport, et pour laver ces mêmes vêtements après l’effort.

🔌 L’électricité :
Parce qu’il faut bien chauffer l’eau de la piscine, éclairer le stade pour pouvoir jouer le soir, alimenter les machines et les écrans dans la salle… Les infrastructures de sport indoor, gourmandes en éclairage et en chauffage, sont de grandes consommatrices d’énergie.

🪨 Les matières premières :
On n’y pense pas forcément, mais les matières premières sont partout… Y compris dans nos super vêtements techniques : le polyester ou l’élasthanne sont des dérivés du pétrole. Ou dans nos équipements préférés : il faut du graphite et du titane pour nos raquettes de badminton, du caoutchouc naturel pour nos balles de tennis, de l’aluminium pour les cadres de nos vélos, etc. Des matières premières qu’il a fallu extraire, transporter et transformer.

⛰ Les sols :
Et oui, en faisant du sport, on consomme aussi… de l’espace. Stades, pistes d’athlé, piscines, circuits, etc. : les infrastructures sportives contribuent à l’artificialisation des sols et occupent des mètres carrés qui pourraient être laissés à la nature ou à l’agriculture. Un simple terrain de foot, par exemple, c’est 6 500 m2. La France en compte environ 2 500. Soit 16 millions de m2 au total !

🚮 Les déchets :
Il ne s’agit pas ici de ressources consommées mais du reste après usage. Nos pratiques sportives génèrent en effet des déchets divers et variés, qui vont des vêtements usés aux équipements en bout de course (chaussures, raquettes, balles, tentes, etc.).

Que désignent les limites planétaires ?

Et les limites (ou frontières) planétaires dans tout ça ? Pour rappel, il s’agit des neuf grands seuils écologiques à ne pas dépasser pour préserver l’équilibre global de la Terre.

Les voici :
1. Le changement climatique (taux de CO2 dans l’atmosphère),
2. Les atteintes à l’intégrité de la biosphère,
3. Le changement d’affectation des sols,
4. La perturbation des cycles de l’azote et du phosphore,
5. L’utilisation d’eau douce,
6. L’introduction de nouveaux polluants,
7. L’acidification des océans,
8. La diminution de la couche d’ozone,
9. La pollution des aérosols.

On l’aura compris : à moins de se limiter à des joggings tout nus dans la forêt (et encore, on y dérangerait la biodiversité présente qui n’aurait rien demandé), faire du sport pèse forcément, même à petite échelle, sur un ou plus de ces grands équilibres écologiques.
Paysage de montagne avec la lune

Adapter sa pratique permet de limiter son impact

À l’échelle individuelle, il est possible (et nécessaire) de développer une pratique sportive
respectueuse de ces limites. La bonne nouvelle, c’est que des solutions existent.

Le choix du sport :
La première option, c’est d’opter pour un sport à faible impact environnemental : ceux qui ne nécessitent pas de créer une nouvelle emprise au sol (un terrain, un bâtiment), ceux qui ne sont pas motorisés, ceux qui épousent leur environnement…
Globalement, les sports de plein air ont souvent un impact moindre car ils font l’économie d’infrastructures souvent gourmandes en ressources. Vous l’aurez compris : le ski ou les sports mécaniques sont, à l’inverse, à consommer avec modération…

Le choix des équipements :undefinedSelon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l‘énergie (ADEME), la France est le pays européen où l’on consomme le plus d’articles de sport et de loisirs… Et le quatrième à l’échelle mondiale. Autant dire que la marge de progression est grande ! L’idée est ici de privilégier une consommation responsable, plus sobre et durable.  En somme, acheter moins mais mieux. Par exemple en investissant dans des équipements réparables, fabriqués dans des matières recyclées et/ou recyclables, et écoconçus. On peut aussi mutualiser certains équipements : si l’on fait du camping une fois par an, emprunter la tente d’une copine ou le réchaud de son frère est forcément une bonne idée ! Et si les proches ne sont pas équipés, vous pourrez toujours penser à la location...

Le choix des vêtements :undefinedMême logique pour le textile, dont l’impact environnemental est élevé. Un premier geste est de privilégier les matières naturelles. Les vêtements en matières synthétiques, produits à partir d‘éléments tirés du pétrole, diffusent en effet, à chaque lavage, des microplastiques qui finissent dans les océans. Des textiles tels que le coton issu de l’agriculture biologique sont écologiquement moins nocifs pour la planète.
Autre option, la seconde main, terriblement efficace en matière de limitation d’impact.

La mobilité :undefinedParce qu’on n’est pas tous adeptes des séances d’abdos à la maison, faire du sport implique souvent de se déplacer. Pour rejoindre sa salle de sport préférée, pourquoi ne pas commencer par un échauffement à pied ou à vélo ? Ce sera toujours un trajet en voiture économisé, et autant d’émissions de CO2 évitées. Pour les sports d’équipe, la solution est toute trouvée : le covoiturage !

Gestion des déchets, organiser son sac
La gestion des déchets :undefinedMoins de déchet = moins d’impact. Le but est donc de gérer habilement sa consommation pour diminuer les déchets. L’exemple typique ? La fameuse gourde réutilisable qui permet de ne pas multiplier les bouteilles d’eau en plastique. Autre objet indispensable, pour les sports de plein air cette fois : le petit sac-poubelle de poche pour ne rien laisser dans la nature. Les plus audacieux pourront même faire les deux… du sport et de la collecte de déchets (ça s’appelle le « plogging » ).

Le choix des événements :undefinedCourses, marathons, compétitions… Les événements sportifs entrent, eux aussi, dans la course. Des labels ont même été créés pour garantir leur démarche. Citons par exemple le label « Fair Play For Planet », qui certifie depuis 2020 l’engagement environnemental de clubs, sites et évènements sportifs en France. Ou encore, pour les sports de montagne, le label « Flocon Vert ». Celui-ci distingue les stations de ski qui travaillent à réduire leur impact. En tant que sportif amateur, choisir ces lieux et évènements plutôt que d’autres, c’est aussi témoigner de son propre engagement écologique.

Alors, faire du sport tout en respectant les limites planétaires, c’est jouable ? Il s’agit en tout cas d’un futur hautement désirable, car si l’on n'agit pas, faire du sport sera de plus en plus compliqué… Dans ce rapport du WWF, on peut lire que même si le changement climatique se limitait à +2°C, cela équivaudrait déjà à une perte de 24 jours de pratique sportive par an.