Récits de voyage

Aventure sur l’eau en Argentine : packrafting sur le Colorado avec Marcos

Marcos, un citadin, découvre la magie des Andes en Amérique du Sud, quittant l'agitation urbaine pour l'intimité de la nature.

À trente ans, Marcos explore El Cuyo, une région désertique des Andes en Amérique du Sud, fasciné par le mystère des grands fleuves comme le Colorado. Adepte des aventures symboliques qu'il prend plaisir à partager, Marcos choisit de partir seul, trouvant en la solitude une profonde connexion avec la nature. Dans ses récits, il tente de transmettre l'expérience inexprimable que lui procure la puissance apaisante de la rivière. Marcos, c'est à toi...

Détail de l'aventure

> Environnement : fleuve
> Difficulté : moyenne
> Distance moyenne : 170 km

Destination Colorado

Le 6 janvier 2023, j'atterris dans la capitale du Cuyo, le 7, je commence à voyager jusqu'à Malargue, où je reste bloqué pendant deux jours jusqu'à ce que je puisse trouver un moyen de transport plus au sud. Campagne, montagnes, personnes sympathiques, bonne nourriture, camping, tout y est. 


Le paysage est incroyable, on y voit la cordillère des Andes avec ses sommets enneigés en arrière-plan, le désert, le Cuyo, les maisons éparses, la campagne. Je découvre également  la mythique route 40 qui traverse le pays du nord au sud, le seul moyen de se rendre de Mendoza au lit du fleuve.

Enfin, le 8, je prends un bus qui m'emmène à Rincón de los Sauces en Argentine. À 5 heures du matin, je marche sur les chemins de terre jusqu'à ce que je trouve une descente vers la rivière. Comme un chasseur, craignant des problèmes avec les locaux ou la police parce qu’ils ne savent pas ce qu’est un packraft, je me dépêche, je prépare tout, je répartis le poids, je me change et donne mes premiers coups de pagaies dans la rivière d'argile. Je suis accueilli par un splendide lever de soleil.

Début du packraft

Il ne me faut pas plus de 20 minutes pour laisser derrière moi les dernières traces de l'urbanisation et entrer dans la nature que je recherchais. À cause de la sécheresse, je n'ai pas pu commencer à partir de la rivière Barrancas. La rivière commence avec des difficultés de rapides de niveau 2-3. La chose la plus dangereuse est, comme toujours, les branches et les arbres qui tombent suites aux tempêtes et  avalanches. Lorsqu'une rivière a des eaux troubles, il faut être deux fois plus attentif, faire attention au moindre changement de mouvement à la surface pour deviner ce qu'il y a en dessous.
Photo du début de packraft en Argentine

Navigation en autonomie

C'est une rivière peu connue pour naviguer et l'utilisation du packraft était un élément de dépassement intéressant. Pendant quelques jours, j'ai donc parcouru 170 km de la partie supérieure du fleuve qui relie les contreforts des Andes aux plaines de la Pampa. Plus de 40°C durant la journée, des rapides de niveau 2-3, beaucoup de plaisir et de nature. Bivouac, feu, pêche, dix heures par jour à naviguer et à se laisser fasciner par une nature aussi époustouflante. J'y ai croisé des formations rocheuses extraordinaires. Dans le désert, il y a beaucoup de vie. Un bassin où j'ai vu au moins 20 condors, plus de trente autres espèces d'oiseaux, des guanacos, des chèvres sauvages, des renards, des insectes de tous les goûts et de toutes les couleurs. Plus d'un portage dans des zones compliquées par des blocages, plusieurs tronçons sur lesquels j'ai dû marcher jusqu'à ce que je trouve de la profondeur. J'ai partagé la route avec des orages, du vent de Cuyo et j'y ai beaucoup  de la beauté. Bref, quelques jours spectaculaires qui m'ont montré une fois de plus la magie du packrafting

Fin de l'aventure

Mon objectif n'était pas de naviguer tout le long du parcours, car je n'avais que très peu de temps. Cependant, j'ai pu faire la partie que j'ai trouvé la plus intéressante. Être seul pendant quelques jours dans un bassin fluvial me permet de me connecter d'une très belle manière, c’est une des choses que permet le packrafting. S'approcher d'une rivière avec un bateau dans son sac à dos et en sortir est une belle folie. Le potentiel est énorme. Finir comme il se doit, avec la viande à la brasse, la Pampa, les gauchos, les bonnes gens, l'immensité et, bien sûr, plus de 700 km d'auto-stop ! J'adore les routiers argentins. Pour toute question, ou aide en information logistique, mon Instagram, c'est: Marcos Luvini

Un mot sur l'environnement

Les saisons sont devenues très imprévisibles. Les températures, les précipitations et les sécheresses sont extrêmes. L'année dernière a été l'une de ces sécheresses. Une rivière n'est jamais la même, il est important de se connecter à cela, de mettre de côté les blogs et les guides. En écoutant les habitants, nous savons comment cela se passe. La rivière manquait d'eau dans la partie supérieure et avec un packraft, c'est quelque chose qu'il faut savoir. L'environnement est plus difficile à comprendre de nos jours, c'est un nouveau défi, ainsi que de transmettre la valeur de ces lieux. Alors que je fais de l'auto-stop avec une pagaie sur le côté de mon sac à dos, les discussions et les questions commencent. Je n'aime pas prêcher, mais je comprends la valeur du partage de ce que la nature nous donne.
Couché de soleil en bivouac en Argentine

Mes prochaines aventures

J'aimerais pagayer sur la rivière Santa Cruz. De l'eau froide, beaucoup de vent et de la pure Patagonie du Sud. Ils commencent à construire un barrage, une tristesse. J'ai pagayé la Vjosa libre, j'aimerais pagayer la Santa Cruz comme ça aussi, ironique n'est-ce pas ? Aujourd'hui c'est l'heure des dernières navigations propres plutôt que des premières. Mais il n'y a pas de raison de sombrer dans le pessimisme, au même moment, il arrive que dans d'autres parties du monde, des barrages soient démantelés et que des rivières coulent à nouveau librement. Il y a des cycles que nous devons vivre, en les niant ou en essayant d'apprendre. Je souhaite également partager un voyage léger à travers l'Amérique du Sud avec un ami, chacun transportant un packraft très léger à utiliser dans chaque lac que nous rencontrons. Le potentiel est énorme. Cela nous permet de voyager et de traverser des villes et des cultures, mais avoir un packraft léger dans notre sac à dos nous permet d’avoir la paix de l'eau. En Macédoine, sur le lac Ohrid, j'ai eu la chance de partager avec les gens de l'auberge la pratique du packraft. Personne ne pouvait croire que je parcourais les Balkans avec un bateau dans mon sac à dos. Nous sommes allés au lac et tout le monde a pu pagayer, c'était magnifique. Sans parler des rivières de l'Oural, de certains lacs cachés de la Terre de Feu et de quelques notes du Kirghizstan... l'imagination créatrice, une chose magnifique.


La nature sauvage des Andes a une manière unique de nous recentrer. Voyager seul m'a offert une intimité incomparable, une rencontre profonde avec moi-même. En seulement quelques jours de solitude, la nature a pris la parole, dissipant les pensées chaotiques et rétablissant mon équilibre émotionnel. Cette immersion m'a offert exactement ce dont j'avais besoin pour débuter l'année avec clarté et sérénité.